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Congrès 2022 / 28 avril au 1er mai à Saumur

Il y a quatre ans, à Evian, vous nous avez confié la responsabilité de gouverner la CMF, c’était un grand honneur pour tous les administrateurs et membres du bureau, mais c’était également – et surtout – de lourdes responsabilités. Si la première année de gouvernance est toujours une année de transition, la suite de notre mandat devait être celle de la co-construction d’un nouveau projet associatif pour la CMF, de la mise en place et du développement de nouvelles activités pour préparer l’avenir d’une confédération qui a plus de 160 ans d’histoire sur trois siècles.

Depuis le début du mandat, un certain nombre d’évènements extérieurs ont pu freiner ces projets et cette ambition : le mouvement des « gillets jaunes », la canicule de juin-juillet 2019, les grèves contre la réforme des retraites, enfin la crise du Covid-19, que nous subissons depuis plus de 2 ans et qui a mis, par intermittence, à l’arrêt partiel ou total l’activité de l’ensemble des adhérents de notre réseau CMF.

Tout ceci nous a contraint à annuler ou reporter, à plusieurs reprises, des réunions de commissions, de bureau, de CA, des réunions avec les territoires ; mais également les projets artistiques, pédagogiques et autres évènements du vivre ensemble si chers à nos adhérents et fédérations.

La CMF s’est malgré tout adaptée et a pris à cœur d’accompagner et de défendre au mieux ses associations et fédérations pendant cette période très difficile, notamment en tentant d’informer son réseau dans les plus brefs délais, et en poursuivant ses activités  pour se projeter dans les mutations du XXIème siècle.

Le bureau a continué de travailler avec acharnement sur les grandes orientations prises par la CMF, pour que cette dernière devienne une véritable tête de réseau, un important centre de ressource pour ses structures adhérentes et fédératives. Nous devons animer, former et accompagner nos fédérations, nos présidents d’associations, nos directeurs, chefs de musique et enseignants de nos structures musicales.

Cela passe par la construction, et même la co-construction avec tous les acteurs du réseau, d’un projet global pour la CMF, qui doit conserver son histoire, ses traditions, ses valeurs, ses forces, même s’il elles sont parfois en contradiction avec l’évolution d’une société plus individualiste, capitalistique et consumériste. Nous devons en effet nous projeter dans l’avenir pour définir les missions de chacun au sein des différentes strates de la CMF. Cela aura probablement pour conséquence de devoir changer radicalement notre logiciel de pensée, et mes vice-présidents, Thierry Bourguignon et Ludovic Laurent Testoris ne manqueront pas de développer ces sujets au travers d’un projet associatif et stratégique à mettre en œuvre, et de nouvelles orientations toujours en lien avec notre passion commune qu’est la musique, pour que l’ensemble du réseau de la CMF soit également plus connu et reconnu.

Cette période trouble a vu également vaciller la devise de la république « égalité, liberté, fraternité »,  valeurs essentielles qui unissent certes les Français, mais qui sont aussi les « valeurs piliers » du monde associatif et de notre belle Confédération Musicale de France depuis plus de 160 ans.

Alors, restons libres et égaux, soyons des citoyens, soyons solidaires, voyons l’avenir ensemble, vivons la musique ensemble…

Christophe Morizot
Président de la CMF

Après deux années compliquées qui nous ont contraints d’échanger par écrans interposés, c’est avec beaucoup de plaisir que nous nous retrouvons ce matin dans cette magnifique cité de Saumur pour notre 121ème Assemblée Générale.

Ce rendez-vous « institutionnel » est important car il permet bien sûr de rendre compte des activités de l’année écoulée et de valider les comptes, mais il offre également et surtout la possibilité de définir ensemble de nouvelles orientations stratégiques. Il demeure un moment d’échange sur les axes, sur les actions que nous souhaitons développer dans un futur plus ou moins proche.

Comme vous le savez, les élus de notre CA et de notre Bureau mènent depuis trois ans une réflexion sur la place et le rôle de la pratique d’ensemble en amateur au 21ème Siècle, dans une Société en pleine mutation. Ce travail nous a amené à redéfinir notre projet associatif afin de développer, dans un contexte de tensions économiques et sociales, on ne peut pas le nier, des actions culturelles, éducatives et solidaires qui apportent des réponses adaptées aux besoins causés par un creusement des inégalités, notamment en matière d’accès à l’éducation et de participation à la vie culturelle.

Une grande Fédération comme la nôtre ne peut rester sans voix, si j’ose dire, face à de tels enjeux sociétaux.

Au risque de me répéter, il est nécessaire et urgent de démontrer à nos différents partenaires, aux pouvoirs publics et notamment à nos collectivités territoriales, que la pratique d’ensemble en amateur que nous fédérons, que nous organisons, va bien au-delà de la pratique d’une simple activité musicale et culturelle. Qu’à travers nos projets, nos initiatives, nous avons cette capacité à imaginer un monde plus juste, plus respectueux, plus solidaire. Il en va, je crois, de la survie de nos structures.

En effet, depuis plusieurs années, nos collectivités territoriales n’ont eu de cesse de voir leur budget impacté par la hausse de l’endettement ou par la fluctuation des aides de l’Etat. Cela s’est traduit, et je crains que le phénomène ne s’amplifie, par des baisses de subventions, en particulier en direction du monde associatif.

Le 03 juin 1953 devant les députés, Pierre Mendès-France s’exprimait ainsi : « gouverner c’est choisir, si difficiles que soient les choix.» et d’ajouter : « choisir, cela ne veut pas dire forcément éliminer ceci ou cela, mais réduire ici et parfois augmenter ; en d’autres termes, fixer des rangs de priorité ».

Près de 70 ans après, les élus à quelque niveau que ce soit sont toujours contraints de faire des choix, de les justifier, tout en priorisant.

A nous donc de convaincre les élus, nos élus, que le travail mené au sein de nos associations musicales nous permet, à travers nos pratiques, de répondre à une commande politique autour de sujets tels que la consolidation sociale, la cohésion intergénérationnelle, la mixité sociale ou encore le vivre ensemble, pour ne citer qu’eux.

Il nous faut rappeler, encore et toujours, que nos associations musicales sont de vrais outils d’appropriation de l’art et de la citoyenneté, notamment en direction de la jeunesse.

Que ces missions à la fois éducatives, citoyennes et sociales que nous assurons, sont importantes, essentielles, et qu’elles doivent être reconnues et soutenues avec force !

Il nous faut absolument défendre le fait que nos associations, à travers nos sociétés musicales, nos écoles de musique sont des lieux d’éducation au sens large, porteuses d’une culture alternative émancipatrice, fidèles à ce courant de pensée qui fait partie de notre ADN : l’éducation populaire.

En effet, face à un monde globalisé et ses dérives inégalitaires, face à la complexité des situations, il est indispensable que chaque citoyen – et donc chaque musicien à travers sa pratique musicale et culturelle – développe toujours plus sa compréhension du monde, sa lecture critique, son pouvoir d’agir, son audace, pour participer activement à la transformation de notre société républicaine vers plus d’équité et d’humanité.

Aussi, en tant que dirigeants, encadrants, professeurs, animateurs, directeurs artistiques d’ensembles musicaux associatifs amateurs nous ne pouvons faire aujourd’hui l’économie d’une réflexion collective sur nos pratiques, sur nos orientations pédagogiques et artistiques, car notre responsabilité est grande dans la réussite de ce beau et indispensable projet d’émancipation pour nos « musiciens-citoyens ».

Je ne doute pas un seul instant que chacune et chacun de vous a conscience que la transformation structurelle à laquelle nous assistons ne touche pas seulement les secteurs de la technologie, de l’économie ou encore de l’écologie, mais qu’elle concerne également ceux de la culture et du socioculturel.

Fort de ce constat, comment la CMF, grande fédération nationale, pourrait demeurer sur le bord du chemin, spectatrice. Son rôle, son engagement doivent être importants dans cette période de transition profonde, il en va là encore de sa crédibilité.

En écho à tout cela et dans cette idée de conscientisation, notre réflexion nous a conduits à nous intéresser au concept de l’Economie Sociale et Solidaire (l’ESS). En y regardant de plus près, nous nous sommes vite aperçus que nos pratiques s’inscrivaient pleinement dans l’ESS et que nos actions culturelles, éducatives, solidaires étaient tout simplement porteuses d’une vraie transition culturelle. Que celles-ci proposaient d’autres perspectives, d’autres chemins pour aller vers une société qui ne soit pas basée uniquement sur les profits et le tout marchand, mais qui permet à chacun de s’épanouir, de progresser et de trouver sa place dans la Société.

Aujourd’hui, au sein de l’ESPER (l’économie sociale partenaire de l’école de la République), la CMF est amenée à réfléchir désormais, aux côtés d’autres grandes organisations de l’ESS, à la mise en œuvre d’actions porteuses de sens, permettant de tisser ou de retisser des liens humains sur l’ensemble du territoire. C’est de là qu’est née d’ailleurs l’idée des concerts solidaires avec la MGEN et le Secours Populaire. En effet, ce projet se veut avant tout la traduction d’une initiative portée par un réseau d’organisations nationales où chaque membre de chacune des structures concernées est valorisé à travers une action commune et identifiée.

Je sais que le temps nous est compté ce matin, mais je ne peux terminer mon propos sans évoquer la question des droits culturels tellement ce sujet me parait essentiel pour l’avenir de la CMF et la reconnaissance de la pratique musicale en amateur.

En effet, avec les droits culturels, nous pouvons enfin espérer sortir les fédérations « amateurs » de leurs statuts de sympathiques organisateurs de loisirs, sans grande valeur publique, il faut bien le dire ; il suffit pour cela de regarder les quelques faibles subsides de l’Etat qui leur sont alloués.

Bien que les droits culturels soient inscrits en France depuis 2015 dans la législation, à travers notamment l’article 103 de la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République), il faut bien admettre qu’ils demeurent encore aujourd’hui assez peu familiers aux élu.e.s et que leur prise en compte dans la conduite des politiques culturelles des collectivités territoriales et de l’Etat est assez relative.

Aussi, il est important de rappeler que les droits culturels puisent leur source dans la Déclaration Universelle des Droit de l’Homme de 1948 et que ces dispositions législatives s’appliquent en totale cohérence avec d’une part, la déclaration universelle de l’UNESCO de 2001 sur la diversité culturelle, et avec d’autre part, la convention internationale de 2005 pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Les droits culturels font partie des droits humains fondamentaux, ils en sont partie intégrante conformément au principe d’indivisibilité.

Chacun s’accorde à dire que la culture donne une valeur intrinsèque à une Société, qu’elle est un élément vital.

Cependant, nous ne pouvons que constater l’échec des politiques publiques en matière de démocratisation culturelle. Nous n’avons pas réussi à régler le problème de « l’accès à la culture  pour tous ». L’augmentation de budgets alloués aux différentes formes artistiques ou encore la création d’institutions ou de lieux culturels n’ont pas véritablement permis de favoriser « l’accès à la culture » aux classes populaires. Les études montrent que ce sont les publics déjà cultivés qui ont profité de cette offre supplémentaire.

Il nous faut donc changer de paradigme. Il nous faut rompre – même si nous assistons à quelques avancées ici ou là – avec cette vision qu’on a de « la » culture, depuis la création du Ministère avec André Malraux à sa tête, en 1959 : une vision très officielle, hiérarchisée et descendante.

Pour mémoire, l’idée à l’époque fut de séparer la pédagogie et l’animation de l’art, avec la volonté de « rendre accessibles au plus grand nombre les œuvres capitales de l’humanité ». Ce choix marquera à jamais une rupture radicale avec les tenants de l’éducation populaire et posera d’ailleurs le problème de la place de la pratique en amateur au sein du noble et nouveau Ministère de la Culture. Cette dernière devant se contenter de la jeunesse et des sports…

Fort de ce constat, il n’est donc plus possible aujourd’hui de restreindre la participation à la vie culturelle à un accès à la culture pour le plus grand nombre. La responsabilité publique, en matière culturelle, ne doit plus seulement se limiter à l’accès aux œuvres d’art ou au soutien aux disciplines artistiques, les droits culturels sont là pour nous emmener sur d’autres chemins, nous ouvrir la voie à de nouvelles perspectives.

Il est indispensable désormais pour les collectivités d’imaginer des projets culturels de territoire ambitieux, basés sur la co-construction, la coopération et la contribution, en plaçant le citoyen au cœur du processus.

Aussi, les droits culturels proposent une réflexion intéressante, un cadre de travail pertinent pour aller dans ce sens.

En effet, les droits culturels, c’est le droit, la liberté et la responsabilité pour chacun de participer à la vie culturelle sans discrimination. Le respect des droits culturels favorise à la fois la démocratie et la démocratie culturelle. De plus, avec les droits culturels, chaque personne est considérée comme porteuse d’une culture qu’il faut prendre en compte dans le respect et l’acceptation des différences. Ils impliquent une discussion des libertés dans le but de faire humanité ensemble. Quel beau programme, quelle belle ambition non ?

Vous l’aurez compris, les droits culturels recouvrent en fait un champ bien plus large que les questions de la liberté de création, des pratiques artistiques et de l’accès à la culture (ce qui au passage induit que les personnes seraient dépourvues de culture ou qu’il n’y aurait qu’une seule culture légitime, officielle…).

Certains voient dans les droits culturels une approche nouvelle de la démocratie culturelle, d’autres y retrouvent des principes issus de l’éducation populaire, d’autres encore y perçoivent la promotion de la diversité culturelle ou encore la défense de la paix et de la justice sociale présente dans l’économie solidaire… C’est sans doute un peu tout cela mais plus globalement encore, ne serait-ce pas  – à travers cette idée d’une culture partout, pour tous et entre tous – une réponse face à la discrimination, à l’obscurantisme, aux replis communautaristes et aux extrémismes qui mettent en danger nos démocraties ?

Une chose est certaine, la CMF, grande association nationale reconnue d’utilité publique, ne peut, face à de tels enjeux, demeurer absente de la réflexion, du débat.

Alors oui, soyons les fers de lance dans la défense d’une nouvelle vision de la culture à l’aune des droits culturels.

Soyons force de propositions pour une transition culturelle de l’action publique

Soyons actifs et innovants dans le développement de nos actions et la visibilité de notre réseau.

Soyons des musiciens, des encadrants, des bénévoles éclairés et engagés dans un projet culturel ambitieux pour « faire et refaire société ».

Enfin et tout simplement, soyons fiers d’appartenir à cette belle et grande institution qu’est la Confédération Musicale de France.

Je vous remercie de votre écoute.

Thierry Bourguignon

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Congrès 2021 – 4 juillet, en visioconférence

Il y a maintenant trois ans à Evian, vous nous avez confié, la responsabilité de gouverner la CMF.

C’était un grand honneur pour tous les administrateurs membres du Bureau de la CMF, et surtout une lourde responsabilité pour chacun.

Si la première année de gouvernance est toujours une année de transition, la suite de notre mandat devait être celle de la co-construction et du développement d’un nouveau projet associatif pour préparer l’avenir de la Confédération, qui existe maintenant depuis plus de cent soixante ans.

Cependant un certain nombre d’éléments extérieurs ont pu freiner ce projet et ces ambitions depuis le début du mandat.

Le mouvement des Gilets jaunes, la canicule de juin et juillet 2019, les grèves contre la réforme des retraites, et enfin la crise du Covid 19 que nous subissons depuis dix-huit mois maintenant à tous les niveaux de notre réseau et qui a mis à l’arrêt partiel ou total l’activité de nos adhérents, parfois même de nos Fédérations et même de la CMF pendant quelques semaines, surtout au début du premier confinement.

Malgré tout, la CMF s’est adaptée et a pris à cœur d’accompagner et de défendre au mieux ses associations et ses fédérations tout au long de cette période très difficile, en tentant d’informer en temps réel son réseau et en continuant de travailler pour se projeter dans les mutations à venir.

Effectivement nous avons eu à gérer cette crise subite.

Je me présente à vous certes en tant que Président de la CMF, mais aussi en qualité de musicien, de chef d’orchestre et j’identifie que cette crise a impacté tout le monde, avec des conséquences dramatiques dans les projets des associations ; notamment pour celles qui sont restées à l’arrêt depuis bientôt plus de quinze mois et qui n’ont toujours pas pu reprendre.

Au regard d’un sondage réalisé dans le réseau, nous estimons que soixante à soixante-dix pour cent de nos adhérents ont pu reprendre leur activité, plus ou moins partielle, progressivement depuis le dix-neuf mai dernier, au fur et à mesure des différentes phases de déconfinement.

Malgré tout et en raison des mesures imposées en termes de distanciation, de protection sanitaire, de contraintes d’accès aux salles, voire même d’interdictions d’y recevoir du public, beaucoup de nos adhérents n’ont pas pu reprendre ; ainsi en était-il des chorales qui, jusqu’au 30 juin – et à notre grande surprise et colère – n’avaient pas le droit de reprendre leurs activités.

Cette période a été effectivement très délicate, nécessitant beaucoup d’implication au siège de la CMF, avec de nombreuses réunions avec nos fédérations partenaires, ou de coordinations avec la COFAC ou le syndicat des employeurs, le « CNEA » devenu « HEXOPEE », tous ses partenaires avec lesquels nous avons beaucoup travaillé pour défendre les intérêts de nos différents types d’adhérents.

Nos ensembles de pratique ont été fortement impactés puisqu’ils ont été mis à l’arrêt très longtemps, avec des reprises parfois partielles depuis septembre dernier, et aussi les écoles de musique bien sûr, qui ont été en grandes difficultés pendant une longue période mais qui ont pu bénéficier de dérogations pour reprendre à certains moments. Je pense en particulier à décembre 2020, moment charnière où grâce à notre intervention conjointe avec les fédérations amies, le gouvernement a finalement accepté la reprise des écoles de musique, en particulier pour les enfants.

Sans notre intervention, ces écoles auraient été fermées jusqu’en mai.

C’est là la difficulté de notre action. A cette époque nous avons été raillés, certains nous reprochant d’avoir obtenu une réouverture trop courte, avant les vacances d’hiver. Mais il s’agissait bien moins de mesurer l’avantage acquis, que d’obtenir la reconnaissance, auprès d’un gouvernement qui ne pensait qu’à ménager les professionnels, de l’existence et des particularismes du milieu associatif.

Certes, certaines actions ont pu paraitre désorganisées, avec des informations qui arrivaient au compte-goutte, quelquefois contradictoires, mais personne n’attendait ni n’était préparé à cette pandémie, à commencer par le gouvernement.

Il faut bien comprendre que, dans les Ministères eux-mêmes, nos correspondants étaient parfois informés par la télévision, comme nous.

Cela nous amène à nous poser beaucoup de questions sur notre Ministère de « tutelle » ou plutôt notre Ministère de référence, et si, avec mes collègues du Bureau nous nous demandions s’il s’agissait vraiment du Ministère adéquat pour aider les pratiques amateurs, la question se pose encore davantage après cette crise. Outre la méconnaissance de notre réseau, tant des pratiques amateurs que de l’enseignement spécialisé sur l’ensemble du territoire, et malgré une augmentation de nos contacts avec le Ministère pendant cette période, nous avons vu surtout un Ministère de la Culture très affaibli dans sa gestion de la pandémie et surtout de son poids par rapport à d’autres Ministère régaliens.

Nous nous sommes beaucoup battus, nous n’avons pas pu obtenir tout ce que nous voulions, nous avons parfois vu le réseau en colère – ce qui est compréhensible – voire au désespoir.

Cela a été difficile pour tous, et le Ministère, bien que montrant de l’empathie à notre égard, n’était pas apte à combattre Matignon, le Ministère de l’Intérieur, sans parler du Ministère de la Santé en général défavorable à nos propositions.

Nous avons vécu une période très difficile, mais malgré tout la CMF s’est adaptée, le Bureau a continué de travailler avec acharnement sur les grandes transformations à venir pour que notre confédération devienne une véritable tête de réseau, un véritable centre de ressources pour toutes ses structures adhérentes et fédératives.

Cette période a aussi exacerbé certaines problématiques au sein de notre CMF. Nous nous sommes rendu compte que certaines orientations, en particulier la formation, étaient très importantes, notamment pour les cadres associatifs de nos associations et fédérations.

Nous avons en effet pu voir à quel point cette période a été difficile pour des présidents d’associations ou de fédérations désabusés par des décrets illisibles, des informations qui, quand elles n’étaient pas contradictoires, étaient floues et donnaient lieu à interprétation. Difficile de savoir effectivement ce qu’il était possible de faire ou ne pas faire au titre de la conduite des activités de leur structure, quand leur responsabilité pouvait être malgré tout engagée.

Nous devons donc former, accompagner nos têtes de réseau, nos directeurs, nos présidents et enseignants de nos écoles de musique.

Bien sûr, il a aussi fallu continuer d’avancer sur la construction d’un nouveau projet associatif pour la CMF, avec tous les acteurs du réseau.

Un projet qui doit conserver les traditions, les valeurs et l’histoire de la CMF, même si ces dernières sont parfois en contradiction avec une société beaucoup plus individualiste, capitaliste et consumériste.

Nous devons aussi nous projeter sur les situations d’aujourd’hui et de demain et également définir les missions de chacun dans les différentes strates de la CMF, ce qui aura certainement pour conséquence de modifier notre logiciel de pensée, que nos Vice-Présidents Thierry Bourguignon et Ludovic Laurent-Testoris ne manqueront pas de développer dans leurs interventions relatives aux nouveaux partenariats et au projet associatif et stratégique.

Nous aurons dans cette assemblée générale l’occasion de vous présenter quelques nouveaux dispositifs, car même si la pandémie nous a bien atteint, nous avons su réagir et nous le ferons également aussi via la mise en place d’un fonds de soutien pour les structures les plus touchées par cette pandémie.

Le Président informe les délégués qu’il leur parlera du Plan Fanfare, attendu depuis deux ans mais qui a vraiment vu le jour seulement ces derniers mois, et dont l’ambition et le projet ne sont plus ce qu’ils étaient au départ, mais qui a le mérite d’exister.

Nous parlerons également des nouveaux partenariats avec la SEAM et avec la SACEM, cette dernière étant en grande difficultés du fait de l’absence d’activités artistiques des structures tant professionnelles qu’amateurs pendant cette période.

Christophe MORIZOT remercie l’ensemble des administrateurs et les membres du Bureau pour leur participation active, leur réactivité.

Chacun des membres du Bureau avait choisi et pris à bras le corps des dossiers, avec l’envie de servir l’intérêt général, et le Président affirme qu’il de la chance d’être bien entouré.

Il associe ses remerciements également à l’ensemble des membres de l’équipe salariée.

Cela a été une année difficile pour l’équipe d’élus qui a dû apprendre à travailler et fonctionner à distance, mais également pour notre équipe de salariés qui s’est retrouvée pendant une bonne partie de l’année en télétravail et même en activité partielle en raison de la baisse ou de l’interruption total des projets artistiques, avec beaucoup de travail réalisé et beaucoup de frustrations sur des évènements programmés, puis déprogrammés, au mieux reportés, au pire annulés.

Christophe MORIZOT achève son exposé, en précisant que le Bureau se trouve dans une dernière partie de mandat où les élus essaieront de mener à bien les projets ambitieux qu’ils se sont fixés.

Les choses ont été beaucoup plus lentes que prévu en raison de nombreux événements extérieurs, mais la motivation des élus est intacte.

Il nous reste un an pour avancer, mettre en place et rendre opérationnel notre projet associatif.

Le Président propose aux délégués de construire ensemble ce présent et cet avenir sur les bases du slogan que nous partageons tous depuis trois ans « Vivre la musique Ensemble ».

Christophe Morizot
Président de la CMF

Partenariat avec la MGEN à travers la signature d’une convention de mécénat :

Pour mémoire, une première convention avait été signée le 7 décembre 2018, pour un an. Celle-ci s’accompagnait d’une aide financière de 50 000 € et portait donc sur l’exercice 2019. Comme vous le savez, ce partenariat définit 3 axes d’intervention :

  1. la prévention des risques auditifs, ceux liés aux pathologies de la voix et les TMS (troubles musculo-squelettiques)
  2. les actions de sensibilisation et de formation aux principes de l’ESS (Economie Sociale et Solidaire),
  3. les actions de promotion et d’accès à la musique et à la culture en direction des publics qui en sont éloignés.

Après un bilan des actions que nous avions menées donc sur 2019 et plusieurs échanges avec notre partenaire et notamment après la réunion de bilan avec Eric Chenut 1er Vice-président de la MGEN le 23 avril 2020, nous avons obtenu que cette convention ne soit plus annuelle mais triennale, ceci afin d’avoir une meilleure lisibilité de nos actions sur la durée. Bien que nous ayons signé cette convention seulement le 26 octobre 2020, en raison de la pandémie et de ses contraintes sanitaires, celle-ci est rétroactive et s’appliquera donc pour l’année 2020. Elle se traduit notamment par une aide renouvelée de 50 000 €. Cette Convention de mécénat expirera donc au 31 décembre 2022.

L’opération « Concerts Solidaires » en partenariat avec le Secours Populaire Français, la MGEN et l’ESPER :

La pandémie a fortement impacté la dynamique qui était en train de s’amorcer à travers plusieurs belles initiatives portées par plusieurs d’entre vous. Concernant le Concert Solidaire inaugural de cette opération qui aurait dû avoir lieu le 10 novembre dernier à Bobino, nous n’avons eu d’autres choix que d’envisager malheureusement son report.

Nous souhaitons avec vous tous, relancer cette opération des Concerts Solidaires et c’est ainsi qu’un concert inaugural aura lieu le 8 novembre prochain non pas à Bobino comme initialement prévu – ceci pour des raisons de (re)programmation des spectacles annulés en 2020 – mais au Théâtre Déjazet, toujours à Paris avec les mêmes formations musicales qui auraient dû se produire l’an passé, en particulier celle des Gardiens de la Paix.

La présence de la CMF au sein de l’ESPER :

La CMF siège au Conseil d’administration de l’ESPER depuis 2019 aux côtés des grandes associations d’Education Populaire et de l’Economie Sociale et Solidaire. L’ESPER est une organisation qui regroupe ses membres autour d’une approche commune de l’Economie sociale en particulier pour l’Ecole. L’ESPER a vocation à valoriser cette approche dans une vision transversale qui, pour la construire, souhaite davantage d’interactions entre les organisations membres. Actuellement l’ESPER travaille tout comme la CMF sur son projet associatif. La présence de notre association au sein de cette instance nationale est importante du point de vue de notre reconnaissance, de notre image et de notre positionnement politique au sens noble du terme. De plus, cette démarche s’inscrit pleinement dans notre nouveau projet associatif et stratégique que Ludovic vous présentera plus en détail tout à l’heure.

Le Pôle prévention :

Comme vous le savez, nous avons souhaité et ceci en lien avec la convention de partenariat qui nous lie à la MGEN créer un pôle dédié à la prévention des risques.

Jean-Yves PAQUELET et Emilie CHAVIGNER d’Audition Solidarité, Corinne LOIE, ancienne chanteuse lyrique et aujourd’hui orthophoniste, chargée de mission pour la MGEN pour les troubles de la voix et Thierry GOUGAM, chirurgien orthopédiste et traumatologue, spécialiste de la prise en charge des pathologies des musiciens ont accepté de travailler à nos côtés sur la mise en place de ce pôle prévention.

Nous avons constitué un groupe de travail qui s’est réuni à plusieurs reprises par visioconférence afin de réfléchir à un plan d’actions en termes de sensibilisation et de prévention.

Afin de nous aider à mieux définir les contenus des différentes formations ainsi que les stratégies de prévention que nous pourrions mettre en place dans les mois à venir nous vous avons adressé, via notre newsletter, un questionnaire dans le but d’évaluer vos connaissances, de cerner vos attentes et vos besoins.

Après analyse de ce questionnaire il apparait que :

En ce qui concerne la question des risques auditifs, les répondants sont majoritairement âgés de plus de 40 ans et sont plutôt dans une pratique musicale en amateur.

  • Une majorité souhaite des informations sur la prévention auditive, et en particulier sur les bons conseils pour prendre soin de leurs oreilles et sur le niveau de décibels des instruments. Les informations sur le fonctionnement de l’oreille (tout comme pour le fonctionnement de la voix) intéressent moins les personnes interrogées. On sait pourtant qu’il est essentiel de connaître l’oreille pour pouvoir la protéger.
  • 75% des répondants ne portent pas de protections auditives : il nous parait donc important à l’avenir de présenter les solutions de protections spécifiques à la musique.
  • 90% des répondants seraient prêt à diffuser le message de prévention. Une diffusion par les enseignants est capitale.

Il serait sans doute intéressant de mettre en relation la fatigue vocale avec l’audition. En effet, on sait que lorsqu’on a une perte d’audition, on a tendance à forcer plus sur sa voix en parlant plus fort (exemple : fatigue en fin de journée).

Concernant les troubles de la voix :

  • Nos adhérents chantent en majorité depuis très longtemps, dont plus de 25 ans pour 46,7% et entre 10 et 14 ans pour 26,7%.
  • Ils pratiquent pour moitié le chant choral et pour l’autre moitié le chant soliste et ont un pupitre fixe pour 69,6% qui leur convient pour 88,4% d’entre eux.
  • La majorité des sujets sont des femmes soprano (38%), suivis des mezzos (24%) et des barytons (12%). Comme on le sait, les voix graves et les ténors sont minoritaires, ce qui est habituel.
  • La majorité n’exerce pas de fonction supplémentaire en tant que chef de chœur.

On constate donc une fidélité à la pratique du chant, avec probablement un profil d’amateurs éclairés, possédant un pupitre auxquels ils sont habitués et qui semble leur convenir. Néanmoins, 58% environ, soit plus de la moitié disent avoir des difficultés vocales récurrentes ou ponctuelles en voix chantée. Pour 40% ces difficultés viennent après avoir longtemps chanté. Mais pour 43%, l’origine des troubles n’est pas identifiée. 89% n’ont jamais consulté !

Ceux qui ont une idée les attribuent à :

  • un mauvais usage de leur souffle (33%)
  • la fatigue vocale (33%)
  • une fragilité ORL (30%)

Mais 33% ne savent pas !

En dépit d’une pratique souvent longue, la moitié souffre de fatigue vocale quand ils chantent trop longtemps, ce qui est normal en soi. Cependant, là encore, ils sont très nombreux à ne pas savoir comment expliquer les troubles.

On peut donc supposer que la plupart n’ont pas de connaissances suffisantes sur le fonctionnement et l’hygiène vocales et que d’autres ont des habitudes délétères, comme chanter trop longtemps.

Sans surprise, le souffle semble être l’origine de leurs problèmes, ainsi que la fatigue vocale ou une fragilité ORL.

60% des personnes qui ont répondu seraient favorables à des actions de prévention des troubles de la voix (quand 26 % ne savent pas). Elles aimeraient y avoir des éléments de :

  • technique vocale pour l’écrasante majorité (73,7%)
  • dD’hygiène vocale (71,1%)

Elles aimeraient également avoir des renseignements sur les personnels soignants à fréquenter en cas de trouble vocal.

En conclusion, il apparait que les chanteuses, les chanteurs sont stables dans leur pratique et ont identifié un pupitre qui semble leur convenir.

Cependant, à l’observation des données, on peut supposer que le fonctionnement de la voix et les règles d’hygiène vocale qui en découlent sont probablement peu connus et les comportements vocaux pas toujours adaptés. Par ailleurs, ils ne semblent pas être au fait des personnels responsables de la santé vocale. Ce sont sur ces points qu’il nous apparaitrait important d’axer les actions.

La demande de nos adhérents porte cependant sur la pratique vocale, ce qui ne surprend pas. Compte-tenu de votre expérience, il nous apparait important d’être exigeant sur les formats et les apports à proposer dans ces actions qui devront, d’après nous, laisser une petite place à l’écoute individuelle en situation.

Enfin pour les troubles musculo-squelettiques (TMS) :

  • Les personnes ayant répondu sont en grande majorité des adultes, dont 66% ont plus de 25 ans et pratiquent plus de 5 h de musique par semaine.
  • 31% d’entre elles semblent souffrir de troubles musculo-squelettiques avec une prédominance sur le rachis et les membres supérieurs, ce que l’on retrouve dans notre pratique quotidienne. Il y a donc un gros travail de prévention à réaliser.
  • On peut noter également une grande méconnaissance de nos adhérents (pour 83 %) sur la dystonie du musicien, il y aura donc là aussi un important travail d’information et de sensibilisation à mener sur le sujet.

Vous l’aurez compris, tout cela nous amène à nous intéresser sérieusement à ce sujet de la prévention des risques chez les musiciens et surtout à nous interroger sur la responsabilité de la CMF dans sa prise en compte.

En effet, ce sujet qui relève d’une question de santé publique ne peut être ignoré par une grande fédération nationale de pratique musicale comme la CMF. Il est plus que souhaitable aujourd’hui que nous promouvions et que nous menions des actions de sensibilisation, de prévention autour de ces différentes pathologies liées à l’activité musicale.

Enfin et pour conclure, nous allons certainement ajouter un nouveau volet que nous n’avions pas pris en compte jusqu’alors et qui nous parait important également : celui relatif à la question du mental, de la gestion des émotions, du stress. Nous évoquerons ce sujet le 10 septembre prochain, lors de la prochaine réunion de notre groupe de travail.

Thierry Bourguignon
Premier Vice Président de la CMF

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Congrès 2020 – 27 juin, en visioconférence

Vous nous avez confié il y a deux à Evian la responsabilité de gouverner la CMF, c’est un grand honneur pour tous les administrateurs et membres du bureau de la CMF, mais c’est également de lourdes responsabilités.

Si la première année de gouvernance est toujours une année de transition, notre deuxième année devait être celle de la co-construction d’un nouveau projet associatif à la CMF, et de la mise en place et du développement de nouveaux projets pour préparer l’avenir d’une confédération qui a plus de 160 ans d’histoire sur trois siècles.

Je voudrais commencer par remercier l’ensemble des administrateurs et membres du bureau pour leur participation active, leur réactivité, leur implication à la vie de la CMF. Chacun des membres du bureau a choisi et pris à bras le corps les dossiers, en toute autonomie, avec l’envie de servir l’intérêt général. J’ai donc la chance d’être bien entouré.

J’associe mes remerciements à toute l’équipe salariée de la CMF et en particulier aux cadres qui sont présents avec nous ce jour :

  • Philippe Latrive, directeur administratif et financier en charge de la coordination des services
  • Caroline Rainette, responsable de la communication
  • Carl Plessis, responsable de CMF Documentation
  • Danielle Grignon, responsable des activités pédagogiques et artistiques

Un certain nombre d’évènements extérieurs depuis l’année dernière ont pu freiner ces projets et cette ambition : la canicule de juin 2019, les grèves de novembre à février et évidement la crise du covid-19.

Tous ces évènements nous ont contraint de reporter des réunions de commissions, de bureau de CA, mais également des réunions sur le territoire dans le cadre du tour de France.

Mais depuis notre dernière AG la CMF a pris à cœur d’accompagner ses associations et fédérations dans ces mutations du XXIème siècle. Cela passe bien sûr par de grandes transformations à venir dans les missions de la CMF, que la CMF devienne une véritable tête de réseau, un véritable centre de ressources pour toutes ses structures adhérentes et fédératives. Nous devrons former et accompagner nos têtes de réseaux, nos présidents d’associations, nos directeurs et enseignants de nos écoles de musique.

Cela passe toujours par la construction, et même la co-construction avec tous les acteurs du réseau, du projet associatif pour la CMF.

Ce projet doit conserver son histoire, ses traditions, ses valeurs, même s’il elles sont parfois en contradiction avec l’évolution d’une société plus individualiste, capitalistique et consumériste.

Mais nous devons nous projeter sur les situations d’aujourd’hui et de demain, nous devons également définir les missions de chacun dans les différentes strates de la CMF.

Cela aura probablement pour conséquence de devoir changer radicalement notre logiciel de pensée, et mon premier vice-président ne manquera pas de développer ce sujet juste après moi pour que l’ensemble du réseau de la CMF soit également plus connu et reconnu.

Alors, coconstruisons ensemble ce présent et cet avenir, sur les bases de notre nouveau slogan de communication de la CMF, que nous partageons je le pense tous, « vivre la musique ensemble ».

Bonjour à toutes et à tous,

Je souhaitais ce matin aborder avec vous le sujet de nos partenariats et plus particulièrement de nos nouveaux partenariats. En effet, devant la raréfaction des aides publiques, et il faut bien l’avouer, le regard suspect que peut porter parfois le Ministère de la Culture sur les pratiques culturelles en amateur, il nous a semblé indispensable d’explorer d’autres voies, d’autres directions, afin de trouver tout simplement d’autres soutiens.

Le travail de lobbying que nous avons mené et que nous continuons de mener auprès notamment des parlementaires mais aussi des différentes institutions que sont les administrations nationales, a révélé combien, aujourd’hui encore, nos actions sont considérées en marge de l’action publique quand elles ne sont pas regardées avec condescendance.

Tout cela trouve son explication dans la conception de la politique culturelle de l’Etat au moment de la création du Ministère de la Culture en 1959 avec André Malraux à sa tête, à savoir : une conception très officielle, hiérarchisée, descendante et élitiste de « La » Culture. L’idée à l’époque fut de séparer la pédagogie et l’animation de l’art, avec la volonté de rendre accessibles au plus grand nombre les œuvres capitales de l’humanité. Ce choix marquera à jamais une rupture radicale avec les tenants de l’éducation populaire et posera le problème de la place des pratiques en amateur au sein du noble et nouveau Ministère de la Culture. Cette dernière devant se contenter de la jeunesse et des sports…

60 ans nous séparent de la création de ce Ministère de « la » culture – d’aucuns, dont je fais partie, auraient préféré d’ailleurs qu’il se nommât à l’époque Ministère « des » Cultures – qu’en est-il aujourd’hui de l’accompagnement, de la reconnaissance des pratiques en amateur ? Un seul exemple : suite à la pandémie que vient de connaître notre pays, bon nombre de nos structures se trouvent ou se trouveront dans les semaines à venir durement impactées par les conséquences de cette crise sanitaire, est-ce que des mesures exceptionnelles de soutien à notre secteur ont été annoncées par le Ministre de la Culture ? Une fois de plus nos écoles, nos orchestres ont le sentiment d’être un peu les oubliés des pouvoirs publics alors que ces structures associatives demeurent pourtant des acteurs indispensables de la vie culturelle, économique et sociale de nos territoires.

Bien que nous constituons un formidable tissu d’initiatives, d’expressions et d’expériences culturelles diverses, au plus près des personnes et des territoires, nous demeurons souvent imperceptibles ou marginalisés dans l’action publique.

Face à ce constat, deux alternatives :

  • Soit nous continuons d’espérer une prise de conscience des pouvoirs publics
  • Soit nous essayons de créer les conditions d’une prise de conscience

Vous l’aurez compris, nous avons opté pour la seconde solution.

Aussi, cela nous a amené à repenser notre politique partenariale. Nous souhaitons aujourd’hui nous rapprocher de nouveaux partenaires connus et reconnus, qui défendent nos valeurs et nos principes en lien avec l’Éducation populaire, l’Économie Sociale et Solidaire et les Droits culturels.

C’est ainsi qu’il y a près de deux ans, nous nous sommes rapprochés de la MGEN. Ce partenariat n’a nullement été un partenariat d’opportunité ou seulement d’intérêt pécuniaire (même si je dois reconnaître que l’aide financière de ce partenaire est loin d’être négligeable). En effet, avant de parler d’argent, nous nous sommes véritablement intéressés aux valeurs que nous défendions les uns et les autres et à la vision que nous avions de la Société. Nous nous sommes retrouvés sur beaucoup de points, et très vite, nous avons été guidés par une envie de construire ensemble des actions porteuses de sens permettant notamment de tisser ou de retisser des liens humains sur l’ensemble du territoire. Nous avons également souhaité que dans la mise en œuvre de nos actions communes soit favorisé l’engagement de nos adhérents respectifs dans un cadre collectif.

Une première convention a été signée le 7 décembre 2018, pour un an. Une nouvelle devrait être signée dans les tous prochains jours, mais cette fois-ci pour une durée de 3 ans. Cette nouvelle convention triennale va nous permettre de donner une meilleure lisibilité et visibilité à nos actions.

Pour mémoire, ce partenariat porte sur 3 axes :

  • la prévention des risques auditifs, ceux liés aux pathologies de la voix et bientôt en rapport avec les TMS (troubles musculo-squelettiques)
  • les actions de sensibilisation et de formation aux principes de l’ESS (Economie Sociale et Solidaire),
  • les actions de promotion et d’accès à la musique et à la culture en direction des publics qui en sont éloignés.

Concernant le volet prévention et en particulier les troubles musculo-squelettiques (TMS), un contact a été pris récemment avec Thierry GOUGAM, chirurgien orthopédiste et traumatologue, spécialiste de la prise en charge des pathologies des musiciens professionnels et amateurs. Guitariste classique de formation, il souhaite s’engager à nos côtés sur ce sujet.

Autour de Jean-Yves PAQUELET d’Audition solidarité pour la prévention des risques auditifs, que beaucoup d’entre vous connaissent, de Corinne LOIE, orthophoniste, chargée de mission pour la MGEN pour les troubles de la voix et de Thierry GOUGAM pour les TMS, nous avons l’ambition de créer un vrai pôle de prévention en direction de l’ensemble de nos adhérents.

Pour répondre aux deux autres objectifs de cette convention, à savoir la sensibilisation à l’ESS et la mise en œuvre d’actions visant des publics éloignés de la culture, nous avons essayé d’imaginer l’organisation d’une action qui soit de portée nationale, s’appuyant sur un événement national et réalisée sur l’ensemble du territoire. C’est comme cela qu’est née l’idée des « Concerts solidaires » en lien avec le mois de l’ESS. Pour une plus grande visibilité de cette action, nous avons souhaité nous rapprocher d’un deuxième partenaire connu et reconnu, le  Secours Populaire Français.

Nous pensons que cette action des “Concerts solidaires” peut être un moyen de mieux faire connaître le travail de nos sociétés musicales, le rôle social important qu’elles jouent au quotidien, de montrer quelles sont de vraies partenaires des collectivités dans la mise en œuvre de leurs politiques sociales et culturelles.

Le principe de ces concerts solidaires n’est pas innovant en soi bien évidemment. Cela fait des années que nous organisons des concerts de solidarité dans chacun de nos territoires au profit de telle ou telle association caritative. Nous vous encourageons d’ailleurs à continuer dans ce sens. Mais vous l’aurez compris, la démarche ici est différente et répond à plusieurs objectifs. Elle est avant tout la traduction d’une initiative portée par un réseau où chaque adhérent de la CMF est valorisé à travers une action commune et identifiée.

Comme vous le savez, nous avons donc souhaité lancer cette opération dans le cadre du mois de L’ESS. Pourquoi l’ESS me direz-vous, quel rapport avec nos sociétés musicales ? Tout simplement et on ne le sait pas forcement, parce que l’ESS constitue déjà le cadre dans lequel nos sociétés musicales évoluent chaque jour. En effet, les structures de l’ESS sont là pour imaginer une société qui ne soit pas basée que sur les profits et le tout marchand, mais où l’humain a toute sa place.

En structurant les territoires, en participant à la vie collective, en défendant la diversité culturelle, l’équité territoriale et la considération des populations, en remettant l’individu au cœur de l’activité, la CMF, donc nos ensembles musicaux, doivent être considérés, reconnus comme des acteurs majeurs de l’ESS.

A travers ce projet qui va, vous l’aurez compris, bien au-delà d’un concert caritatif, la CMF, grâce à vous tous, souhaite porter une ambition commune, celle de développer un humanisme concret, en rassemblant des personnes diverses et variées qui, dans un monde individualiste et de l’entre soi, ont décidé de faire société. Là est le rôle d’une tête de réseau comme la nôtre.

Le lancement de cette opération des concerts solidaires aura lieu à Paris, le 10 novembre prochain, dans la célèbre salle de Bobino, ceci grâce au concours du Secours Populaire. La formation invitée devrait être l’orchestre d’Harmonie des Gardiens de la Paix. Une première partie sera assurée par un ensemble de clarinettes et un combo de jazz issus de notre réseau.

Toujours dans le but de donner à cette action un caractère national et fédérateur, la CMF a passé commande auprès du compositeur Thierry Deleruyelle pour la réalisation d’une œuvre. Cette composition pour Orchestre d’harmonie ou pour  Chœur et Orchestre d’Harmonie (avec possibilité d’une réduction piano et chœur) pourrait devenir, en quelque sorte, “l’hymne” de ces concerts solidaires. Cette pièce sera proposée à l’ensemble des adhérents de la CMF souhaitant participer à cette opération au tarif exceptionnel de 35 € jusqu’à fin 2021.

Par rapport à ce que nous avions envisagé au départ, ces concerts solidaires débuteront certes chaque année au mois de novembre dans le cadre du mois de l’ESS mais pourront se poursuivre tout au long de l’année, jusqu’au lancement d’une nouvelle saison qui pourrait se dérouler en Province.

Nous savons l’importance des recettes de nos concerts dans l’équilibre budgétaire de nos différentes structures et que l’organisation d’un concert caritatif engendre quelques frais fixes. Rien ne vous empêche, si vous êtes dans une situation financière fragile, de prélever en toute transparence, la somme nécessaire pour couvrir ces dépenses et de reverser alors le reliquat à votre partenaire local du Secours Populaire.

En tous les cas, nous sommes convaincus que le fait de nous retrouver autour d’un projet commun avec ces deux acteurs majeurs de l’ESS et de la promotion de la solidarité et de ses valeurs contribuera, en dehors de toucher certainement de nouveaux publics, à une plus grande visibilité de nos actions et une véritable reconnaissance de ce que nous sommes.

Cependant la réussite ne sera au rendez-vous que si, collectivement, et là je m’adresse tout particulièrement à nos Présidents de Fédérations et aux membres de notre Conseil d’administration, nous réussissons à sensibiliser, à mobiliser autour de nous.

La CMF est une noble institution qui aujourd’hui encore n’a pas la reconnaissance qu’elle mérite. Le travail d’éducation populaire, de démocratisation culturelle, de consolidation sociale, de cohésion entre les générations, de mixité sociale que nous menons dans chacun de nos territoires n’est pas pris en compte. Nous demeurons, comme je vous l’ai indiqué tout à l’heure, invisibles ou marginalisés dans l’action publique. Ce n’est pas acceptable.

Cependant, il est de notre devoir d’élus de la CMF en responsabilité, que ce soit au niveau départemental, régional ou national, de ne pas en rester seulement au constat. Nous ne pourrons pas nous dispenser d’une vraie réflexion sur le rôle de la CMF en tant que tête de réseau. Nous sommes dans l’obligation de repenser sérieusement notre projet associatif pour nous adapter à une société en pleine mutation et parfois en perte de repères. Un travail est en train de se mener dans ce sens avec l’appui du DLA auquel nous avons fait appel.

Pour conclure, je ne doute pas que nous soyons tous animés d’une volonté commune de voir notre CMF se réinventer, s’interroger, innover, débattre, s’impliquer dans de nouveaux chantiers pour la défense des pratiques musicales en amateur et tout cela, dans l’intérêt général. Cependant, nous ne pourrons réussir les uns sans les autres. Nous devons développer plus fortement encore ce désir d’appartenance à un collectif, ne jamais cesser d’aiguiser notre esprit fédérateur.

Alors oui, la CMF c’est nous tous, et elle sera et ne sera que ce que nous souhaitons qu’elle devienne. Pour ma part, je crois en la richesse et en la force d’action de notre réseau. Il faut simplement que nous en prenions tous pleinement conscience.

Je vous remercie de votre attention.

Thierry Bourguignon
Premier Vice Président de la CMF