La ministre de la Culture a souhaité que soit réalisée une enquête d’opinion pour mieux comprendre l’impact de la crise sur les pratiques culturelles des Français quelques mois après la réouverture des lieux culturels. L’étude fait un bilan circonscrit à l’été 2021 et ne prend pas en compte les intentions ni les pratiques des Français à partir de septembre 2021. Menée par Harris Interactive et le Département des Etudes de la Prospective et des Statistiques du Ministère de la Culture, les résultats de cette enquête sont aujourd’hui disponibles.

Réalisée en ligne auprès d’un échantillon représentatif de 3 025 personnes âgées de 18 ans et plus, du 31 août au 3 septembre 2021, l’enquête[1] donne une première vision des évolutions des pratiques culturelles, qui devra être approfondie dans les mois qui viennent. S’il faut rester très prudent, compte tenu des incertitudes fortes qui caractérisent par nature les périodes de crise et de sortie de crise, il s’agit néanmoins d’une intéressante photographie des conséquences de la crise sur les pratiques des Français.

Les résultats de l’enquête confortent la stratégie du Gouvernement pour soutenir le secteur culturel de manière forte et dans la durée : accompagner la sortie de crise, car la réouverture reste fragile ; et préparer l’avenir, pour faire face aux mutations en cours.

L’enquête

Le premier enseignement de cette enquête, c’est l’attachement des Français aux sorties culturelles : 4 Français sur 10 déclarent avoir repris leurs habitudes de sortie dès que les lieux culturels ont rouvert, et 28% indiquent être sortis cet été plus souvent qu’avant la crise pour rattraper les occasions perdues lorsque les lieux étaient fermés.

L’enquête montre toutefois que la perception du risque sanitaire reste très forte, au détriment de la fréquentation culturelle : 54% des personnes interrogées disent avoir craint les lieux très fréquentés à cause du risque d’attraper le virus de la Covid et/ou de le transmettre (20% oui tout à fait, 34% oui, plutôt).

L’impact du pass sanitaire sur la fréquentation des lieux de culture est également confirmé pour 25% des répondants : à la question « Vous n’avez pas de pass sanitaire et vous ne voulez pas faire un test antigénique avant d’aller au cinéma/au théâtre/au musée… », 14% ont répondu « oui tout à fait », et 11% « oui plutôt ». C’est le sens des mesures de soutien mises en place par le Gouvernement, notamment dans le secteur du cinéma.

Concernant la fréquentation d’ici la fin de l’année, l’étude fait apparaitre des intentions relativement modérées : 30 % des répondants estiment que leurs sorties vont diminuer dans les mois à venir. La raison principale demeure en lien avec la situation sanitaire, 52% des répondants indiquent ainsi qu’ils sortiront « moins souvent qu’avant la pandémie ». A noter que 11% des répondants déclarent qu’ils iront dans les lieux culturels moins souvent qu’avant lorsque la pandémie sera finie, ce qui peut sembler à la fois inquiétant et très minoritaire.

L’enquête suggère par ailleurs le recours croissant aux moyens numériques pour accéder à la Culture : 46% des personnes interrogées ont pris l’habitude nouvelle d’utiliser des moyens numériques pour accéder aux œuvres ; et 24% des 52% des répondants qui indiquent qu’ils sortiront « moins » d’ici la fin de l’année, mentionnent leur préférence pour les moyens numériques, et en particulier les moins de 35 ans (32%). Enfin, parmi ceux dont les intentions de fréquentation post-pandémie sont à la baisse (11% des répondants), le tiers des 18-24 ans déclarent que d’autres activités de loisir ont remplacé les sorties culturelles (contre 20% tous âges confondus).

Bilan

S’il est prématuré de tirer des conclusions définitives de cette enquête, le ministère de la Culture continuera de suivre de très près ces évolutions et les tendances qui s’en dégagent, afin de déterminer ce qui est strictement conjoncturel et ce qui révèle d’évolutions structurelles des pratiques culturelles des Français.

Il ressort néanmoins en creux de cette analyse que le soutien de l’Etat a été adapté, notamment à l’égard des secteurs fragilisés, et où les perspectives de reprise de la fréquentation demeurent fragiles.

L’enquête démontre en tout état de cause la nécessité, au-delà de la gestion de la crise, de préparer l’avenir des secteurs culturels, notamment en soutenant l’investissement dans la programmation, les équipements artistiques et la présence numérique, à travers notamment la stratégie en faveur des industries culturelles et créatives ou dans le cadre de France 2030.

Concernant les pratiques culturelles des plus jeunes, le déploiement du pass Culture ou l’effort historique en faveur de l’éducation artistique et culturelle (dont les crédits auront pratiquement doublé ces dernières années) témoignent de la volonté du Gouvernement de contribuer à enraciner chez eux une pratique culturelle puissante et diversifiée, adaptée à leur environnement numérique « natif » tout en les incitant à ouvrir leur regard à la diversité de la création culturelle.

[1] L’enquête interrogeait les individus sur leurs habitudes de sortie d’avant-crise « au cours d’une année normale », leurs pratiques à l’été après la mise en place du pass sanitaire, et les freins rencontrés pour la fréquentation des lieux culturels, à l’été comme à plus long terme.