L’histoire de la CMF

1833 : le mouvement orphéonique, l’origine de la CMF

Guillaume-Louis Bocquillon, dit Wilhem, musicien et enseignant à la pédagogie très vivante, considère la musique comme une langue et il apprend aux enfants à l’écrire et la lire pour la chanter. En 1833, avec l’arrivée de Louis Philippe, il réussit à faire intégrer pour la première fois la musique dans les programmes de l’enseignement. Il sera aussi promoteur de nombreuses manifestations groupant plusieurs écoles pour constituer ce que l’on appellera désormais l’Orphéon.

Paris compte en 1839 plus de 5000 enfants et plus de 1000 adultes pratiquant le chant choral. Cet enseignement se répand peu à peu dans les campagnes où les écoles de chant fleurissent. Parallèlement l’ensemble instrumental à vents, formation type descendue dans la rue avec la Révolution, est devenu un outil de rassemblement à l’image du chant collectif. Les sociétés musicales s’organisent sous l’influence des musiques militaires. Avec l’autorisation par la lettre du 15 juillet 1848 du Ministre de l’Intérieur Sénard, de se produire en plein air et en public « à la condition que ces rassemblements aient lieu en des endroits au préalable définis et facilement cernables par les forces de police en cas d’apparition de troubles », les kiosques, symbole de l’appropriation d’espace urbain par le peuple, font leur apparition et institutionnalisent en quelque sorte le droit aux concerts. D’ailleurs en 1850, le Conservatoire de Paris se dote d’une classe populaire de chant et d’ensemble.

Séance générale de l’Orphéon dans la grande salle de la Sorbonne – 25 mars 1843

En 1855, le premier journal consacré au chant “l’Orphéon” paraît. Le terme d’orphéon qui désigne dans un premier temps les sociétés chorales de voix d’hommes, s’étend aux diverses sociétés qui se sont multipliées dans toute la France qu’il s’agisse de fanfares ou d’harmonies. Soulignons que ce mouvement n’aurait pas connu un tel essor sans les innovations instrumentales d’Adolphe Sax, inventeur de la famille des saxhorns. Avec le saxophone et les perfectionnements apportés aux instruments comme le système indépendant à pistons, les instruments sont plus faciles techniquement et mieux adaptés aux musiciens des sociétés musicales et militaires.

1855 : l’apparition des concours, naissance de la fédération

Dès lors, les concours sont organisés pour tous et les compositeurs sont sollicités afin d’enrichir le répertoire. C’est autour d’une de ces manifestations que la première fédération voit son apparition, à Vaires en Seine et Marne. Elle compte en 1855, 300 sociétés affiliées. Cet exemple sera suivi un peu partout en France et en 1859 a lieu à Paris la première réunion des fédérations existantes. Si après la guerre de 1870, on constate une diminution du nombre de chorales et l’abandon des efforts entrepris pour une cohésion nationale, on voit en revanche de plus en plus de fanfares s’organiser sous le nom de clique (clairons, trompette, tambours) et harmonies. Le 6 avril 1896, les membres de différents orphéons créent une association nationale à Bourges dont le siège sera transféré à Paris en 1901. La loi 1901 adoptée concrétise la liberté de s’associer. Mais il faut attendre 1903 pour que Emile Clérisse, fondateur de l’Union musicale de l’Eure, propose un plan pour uniformiser la réglementation des différentes sociétés. Ce travail se concrétise en 1905 avec la création de la Fédération musicale de France. Son siège social se trouve alors au 10 rue de Lancry. Un programme de travail est établi, la Fédération a pour but de répandre et de favoriser l’art musical selon les orientations suivantes : préparation aux fonctions de chefs d’orchestre

Moment solennel de tous les concours d’orphéons : le défilé d’ouverture, ici à Étampes en 1873

dans des centres appropriés, sous la direction de professeurs éprouvés ; organisation de conférences sur l’Art en général et la musique en particulier ; publication du Journal confédéral contenant des études documentées sur l’histoire de la musique et des instruments ; études biographiques de compositeurs et leurs oeuvres ; organisation de concours de musique d’après un règlement type adopté par le congrès ; commentaires et études sur l’activité fédérale ; récompenses aux anciens musiciens…

La Confédération musicale de France

La fête du 27 mai 1912

En 1906, la Fédération musicale de France devient la Confédération musicale de France. Puis, interrompue pendant les 1ère et 2e guerres mondiales et très affaiblie par la seconde, la Confédération musicale de France repart. Par le décret du 9 avril 1946 est créé le conseil national de la musique populaire. En cette même année se met en place le Concours d’excellence pour le solfège et l’instrument.

Le 2 janvier 1957, la CMF est reconnue d’utilité publique. En 1971, elle fait l’acquisition du Centre de promotion musicale Albert Ehrmann à Toucy, destiné à la formation des chefs pour les harmonies, fanfares et batteries fanfares et chorales. Il accueille aussi les jeunes musiciens désirant se perfectionner dans leur discipline.

Depuis 1991, la CMF a entrepris d’harmoniser progressivement l’enseignement dispensé par la CMF avec celui agréé par l’Etat, pour permettre aux élèves des écoles de musique ou des écoles rurales de rejoindre les conservatoires. Les jeunes musiciens qui reçoivent une formation de qualité intègrent par la suite un orchestre doté d’un chef à la “hauteur”. C’est d’ailleurs pour répondre à cette attente que la CMF a mis en place en 1986 le DADSM (diplôme d’aptitude à la direction des sociétés musicales) et depuis 1996, le certificat régional du 1er degré du DADSM dans les régions. Ce diplôme qui ne fait pas l’objet d’une reconnaissance officielle a été mis en place en accord avec la Direction de la Musique.

Le Ministère a créé depuis 1999 un premier diplôme d’Etat de direction d’ensembles à vent avec deux dominantes, l’une pour harmonie et l’autre pour batteries fanfares. La CMF, avec d’autres associations, a signé une convention pour être associée aux stages de préparation aux épreuves.

La CMF aujourd’hui

Aujourd’hui, force est de constater que la pratique collective de la musique tient une place importante et que la CMF y joue un rôle culturel, social et économique. La CMF représente désormais le plus grand réseau de sociétés de pratique musicale collective en amateur en France. Fort d’une organisation basée sur l’expérience et le savoir-faire, son rôle est de favoriser le développement et le rayonnement de la culture musicale et des arts vivants par l’enseignement, la formation, la pratique, la création et la diffusion. Sa ligne de conduite : proposer un programme culturel et artistique de qualité, conduire une pédagogie riche et innovante et représenter ses associations adhérentes à un niveau national et international. La CMF aujourd’hui, c’est plus de 4 000 structures adhérentes, soutenues par 112 fédérations régionales et départementales. C’est surtout plus de 300 000 membres passionnés par la musique et les vivants, et porteurs de projets.

  • 1906 – Alfred Richard, président de la Fédération Nord Pas de Calais
  • 1908 – Emile Clérisse
  • 1934 – Paul Brevannes (en intérim)
  • 1935 – Etienne Bourbié
  • 1945 – Arthur Manouvrier
  • 1953 – Albert Ehrmann
  • 1969 – Jules Selmer-Collery
  • 1976 – André Amellér
  • 1983 – André Petit
  • 1991 – Maurice Adam
  • 2005 – Bernard Aury (Jean-Marie Dazas en intérim)
  • 2010 – Jean Jacques Brodbeck
  • 2018 – Christophe Morizot
photos concerts