Les pratiques numériques

Le numérique

Ayant observé que les professeurs d’enseignement musical, du néophyte au spécialiste, se posent de multiples questions, allant de l’effroi à l’enthousiasme, sur l’utilisation du numérique (hardware, software, contenu et utilisation pédagogique, besoin, manque, etc.) dans leur cours et enseignements, que certains directeurs et/ou élus souhaitent s’y engager et que d’autres ne s’y intéressent pas, une réflexion d’envergure nationale était devenue nécessaire.

La CMF a lancé en octobre 2015 un appel à candidature pour former un groupe de travail d’une douzaine de personnes, chargé dans un premier temps de répertorier de la façon la plus exhaustive possible tous les sujets et les problématiques de la pédagogie musicale numérique, rassemblés en une carte heuristique. Il a été décidé de travailler dans un premier temps sur le 1er cycle en formation musicale.

Deux axes de travail différents ont été identifiés :

  • L’identification et l’analyse des logiciels propres à la pédagogie musicale :
    • Recherche de logiciels
    • Création et application d’une grille commune d’analyse
    • Référencement de ces logiciels
    • Mise à disposition des logiciels libres
    • Obtention d’avantages pour les adhérents de la CMF pour les logiciels propriétaires
  • Analyse des usages pédagogiques des outils numériques
    • Rédaction et diffusion d’un questionnaire électronique sur les usages numériques en matière de pédagogie musicale
    • Mise en place d’une expérimentation sur 2 ans visant à collecter et analyser les usages, pratiques et besoins existants des professeurs, administrateurs, élèves et parents d’élèves par questionnaires et entretiens réalisés par la CMF ou par les CEFEDEM.

Mise en œuvre

  • Septembre 2016 : rédaction d’un cahier des charges en vue de la réalisation d’une série de courtes vidéos présentant des expériences où le numérique intègre les cours. Deux établissements d’enseignement de la musique travaillant avec le numérique ont été contactés. Pour des raisons stratégiques, le projet est reporté.
  • Novembre 2016 : un rapprochement avec l’Association des Professeurs de Formation Musicale (APFM) permet de croiser nos informations sur les logiciels et les pédagogies.
  • Février 2017 : rédaction d’une grille d’évaluation des logiciels
  • Février 2017 : engagement d’un partenariat avec le CEFEDEM Auvergne-Rhône-Alpes, qui travaille aussi sur les notions de numérique dans l’enseignement musical
  • Octobre 2017 : Participation au congrès de l’APFM à Vanves sur la question du numérique
  • Avril 2018 : lancement et sélection des candidatures pour une expérimentation sur les usages du numérique dans les EEA
  • Entre septembre 2018 et novembre 2018 : rencontre sur site avec les équipes, organisation du travail pour choisir et prendre en main les outils
  • Février 2019 : lancement d’une plateforme Moodle à destination des établissements participants afin de travailler sur les besoins et les outils et d’assurer collectivement une veille
  • 20 novembre 2021 : Suite au report pour raison sanitaire du bilan prévu en 2020 de l’expérimentation, organisation d’une table ronde au salon Musicora sur le thème “Quelle place pour les pratiques numériques au sein du projet d’établissement ?”
  • Mai 2023 : Organisation d’une table ronde au salon Musicora sur le thème : « Le numérique, un outil aux services des droits culturels au sein de l’enseignement artistique ?

Table ronde : Quelle place pour les pratiques numériques au sein du projet d’établissement ?

Elément clé des transformations à l’œuvre à l’École, la diffusion des usages du numérique dans l’enseignement a constitué et constitue encore un large terrain d’expérimentation pédagogique et un levier de réflexion pour penser les espaces et les temps d’apprentissages et l’inclusion des publics dans le système scolaire.
Pourtant, malgré ce mouvement, les établissements d’enseignement artistiques n’ont encore que relativement peu bénéficié des investissements humains, matériels et financiers nécessaires pour penser et repenser la place des pratiques numériques en leur sein.
Dans la continuité de l’expérimentation numérique menée avec le CEFEDEM Normandie, la CMF et le CEFEDEM Auvergne Rhône Alpes coorganisent une table ronde pour débattre de la place des pratiques numériques au sein du projet d’établissement.
Quelles influences sur la pédagogie et sur les enseignements ? Quels types de compétences pour les élèves et pour les enseignants ? Quel partage et quelle collaboration pour y arriver ? Pourquoi faire un plan numérique d’établissement ? Quelles implications, équipements, formations et donc financements ? Quel impact sur les territoires et sur les droits culturels ?

Intervenants :

  • Sandrine Desmurs, responsable du développement des technologies de l’information et de la communication au CEFEDEM Auvergne Rhône Alpes
  • Marie Aline Bayon, directrice de l’école de musique connectée de Solaure
  • Bruno Devauchelle, chargé de mission TICE à l’université catholique de Lyon, professeur associé du département IME et membre du laboratoire TECHNE à l’université de Poitiers
  • Mathieu Gauffre, directeur du CRD de Vannes, vice-président de l’association Conservatoire de France
  • Thomas Seyssel, professeur de trompette au CRD de Grand bourg agglomération et créateur du groupe privé facebook intitulé “Enseignement artistique à distance”
  • Louise Courant, Cheffe de projet SDEA pour les Hauts-de-Seine
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Bilan de l’expérimentation numérique

Le numérique revêt plus que jamais une dimension politique et sociale par sa mutation permanente qui bouscule radicalement les pratiques et les codes établis. Le numérique est aujourd’hui un élément incontournable de transformation dans le champ d’activité de la musique, tant dans les modes d’organisation et d’interactions des organisations musicales que dans les pratiques artistiques en elles-mêmes. Nous pratiquons et consommons la musique autrement qu’hier : l’apprentissage est aujourd’hui aussi en ligne, il est mobile, ouvert, massif… L’évolution du contexte social et artistique imposé par le numérique amènent les structures d’enseignement à développer leurs propres réflexions et usages en lien avec leur environnement. La volonté de la CMF, du Cefedem AuRA et du Cefedem de Normandie est de valoriser ces processus en les observant, les analysant, les documentant et en les accompagnant. L’objectif est de révéler, à l’échelle nationale, les comportements et les pratiques des organisations musicales afin de dévoiler leur capacité, selon la typologie de chacune, à répondre aux enjeux qu’impose l’enseignement à l’ère numérique. Il s’agit de mettre en lumière et de capitaliser les initiatives déjà prises, d’accompagner la mutation en donnant aux acteurs des outils pour comprendre les enjeux, exprimer des désirs, se positionner comme acteurs et non comme spectateurs.

Entre 2018 et 2020, une expérimentation a eu lieu ayant pour objet de suivre les établissements candidats dans le développement d’un projet numérique sur deux ans. Pour la CMF et les deux Cefedem impliqués, il s’agissait d’observer les comportements, d’analyser les pratiques et d’accompagner, à partir des savoirs, savoir-faire et savoir-être en présence, les réflexions touchant à la place et à l’intégration du numérique dans l’exercice de l’enseignement de la musique au sein d’une équipe (pédagogique et administrative).

Ce projet d’expérimentation devait répondre à trois objectifs :

  • Comprendre les mutations d’aujourd’hui et identifier les atouts / freins selon la typologie des structures ;
  • Initier des processus de réflexion et d’esprit critique autour des nouvelles technologies : les appréhender plus finement pour les utiliser à des fins pédagogiques définies ;
  • Accompagner des équipes dans le développement d’un projet commun intégrant les nouvelles technologies.

Le succès de l’expérimentation, aussi bien pour la CMF, le Cefedem AuRA et le Cefedem de Normandie que pour les candidats, reposait sur l’intérêt réel de l’ensemble des équipes des structures concernées. L’enjeu était de tendre vers une appropriation, par le collectif, des tenants et aboutissants du projet numérique développé. L’expérimentation nécessitait un accompagnement qui s’adresse à l’ensemble des membres des équipes, l’idée étant de favoriser une montée en compétence de tous autour d’un projet numérique commun. Il était essentiel de pouvoir échanger directement avec tous les acteurs du projet : du directeur d’établissement à l’enseignant en passant par le corps administratif et technique, les élèves et parents d’élèves mais aussi le directeur des affaires culturelles, l’élu en charge de l’établissement et les services techniques. Durant toute l’expérimentation, la structure concernée devait s’engager pour être capable de dégager des disponibilités aussi bien pour l’entretien et l’enrichissement de la réflexion en développement que pour l’exercice de familiarisation et d’appropriation des outils mis en place par la suite.

Suite à l’appel à candidatures, 6 dossiers ont été déposés :

Nom Statut Ville Nb Elèves Nb Professeurs Population Aire urbaine Densité
La Muse de Somain Ecole associative Somain 350 19 12 500 1031
CRR de Rennes CRR Rennes 1600 90 710 000 4274

CRD de l’Agglomération « Lisieux-Normandie »

CRD Lisieux 600 38 44 500 1589

CRD d’Issy les Moulineaux et Vanves

CRD

Issy les Moulineaux

1350 65 69 000 16257

CRD de la Communauté d’Agglomération du Puy en Velay

CRD Puy en Velay 1350 58 75 000 1126
CRC de Meyzieu CRC Meyzieu 695 35 33 000 1428

La première phase a été consacrée à l’observation et à l’analyse des usages numériques en présence dans les organisations parties prenantes du projet. Au départ du projet numérique de chaque établissement, la CMF, le Cefedem AuRA et le Cefedem de Normandie souhaitaient mettre en exergue les besoins, désirs et freins réels de l’équipe en matière de nouvelles technologies. Cette démarche s’est fondée sur des échanges, de récits d’expériences d’outils déjà utilisés. Au moins une rencontre d’une demi-journée dans l’année avec les équipes a eu lieu dans chaque établissement. Cette rencontre était combinée avec des entretiens individuels téléphoniques ou en présentiel avec les personnes en charge de la coordination du projet d’expérimentation avec chaque établissement.

À partir des besoins collectés, 4 axes potentiels de travail ont été relevés :

  • Formation et autoformation des enseignants ;
  • Outils de partage de ressources et de communication interne et externe ;
  • Logiciels pédagogiques ;
  • Outils de

Un Moodle a été mis en place, permettant aux utilisateurs de lister les applications et logiciels déjà utilisés en fonction de ces quatre catégories, de les décrire et de partager leurs connaissances. 21 fiches ont ainsi été réalisés.

La deuxième phase a été centrée sur le besoin le plus abondamment exprimé par les établissements tests : la nécessité de disposer d’outils de partage de ressources et de communication interne à l’équipe pédagogique et à destination des élèves et de leurs parents. Une séance de travail a été programmée à la rentrée dans chacun des établissements tests afin de leur présenter des solutions existantes, et d’analyser plus en détail leurs besoins.

En parallèle le travail entrepris sur le Moodle a continué de façon à compléter la base de données des logiciels utilisables, accompagné chaque semaine d’une focale sur un sujet lié au numérique « Zoom sur » : partitions numériques, MOOC, etc. Une restitution finale aurait dû avoir lieu lors du salon « Musicora 2020 », sous la forme d’une table ronde, mais elle a été annulée en raison du contexte sanitaire.

Dès juillet 2020, une enquête a été diffusée auprès des structures partenaires, s’intéressant aux usages des outils numériques sous l’angle de la pédagogie et de la pratique de la musique. Dans le sillage des enquêtes du DEPS (département des études de la prospective et des statistiques du Ministère de la culture), qui sont régulières et qui se fondent sur une évaluation des pratiques culturelles à travers l’usage de biens culturels, il s’agissait de pouvoir déterminer une pratique a minima par l’existence d’outils utiles à celle-ci. À l’égard de cette enquête, l’approche par les outils et par les équipements propres aux établissements est loin d’être le miroir des pratiques numériques existantes. L’enquête concernant les enseignants s’intéresse à leurs usages. L’étude de l’équipement est un indicateur mais ne révèle pas les pratiques numériques réelles. Pour cela, le recueil de la parole des praticiens-enseignants a été nécessaire.

Le travail d’analyse présenté ci-dessous s’appuie sur un sondage qui ne doit pas être considéré comme représentatif de l’ensemble des enseignants de la musique en France ou en Europe. Les informations présentées ci-dessous sont exposées d’après le témoignage des enseignants interrogés dans le cadre du questionnaire.

Thématique « équipement » Réponses
Equipement
  • Détention d’un accès internet
  • Carte son
  • Vidéoprojecteur
  • Enceintes
  • Ordinateurs
Site internet
  • Détention d’un site internet
  • Détention d’un intranet
  • Toutes les structures ayant répondu à l’enquête déclarent détenir un accès internet. Des structures indiquent donner accès à internet via les ordinateurs de la structure ainsi que via les ordinateurs personnels.

    Hypothèse : tendance à une ouverture vers les outils personnels, tendance qui n’était pas présente auparavant. Ce n’est pas par l’équipement des structures que l’on mesure les pratiques du numérique.

  • Un établissement déclare détenir une salle de MAO avec 4 Mac et des claviers midi puis un enregistreur audio et vidéo.

    Hypothèse : cela existe au moins une fois. Il y a un signe d’un rapport entre équipement informatique et enseignement musical. La MAO renvoie à des pratiques assistées par ordinateur, qui sont généralement associées aux pratiques de musiques actuelles. Cependant, elles peuvent relever de toutes les esthétiques et toutes les pratiques. En MAO, la question du traitement en termes d’outil est largement généralisée a toutes formes de pratiques musicales, nouvelle lutherie et instrument à part entière.

  • Deux structures déclarent avoir un site internet indépendant de celui de la ville dans laquelle la structure se situe.

    Hypothèse : cela pose la question du lien entre l’école (associative, intercommunale…) et l’existence d’un site internet propre.

  • Plusieurs administrations déclarent que le site internet permet un accès à des ressources en ligne (documents téléchargeables, liens vers des vidéos ou des audios…), suivre un cours et se tenir informer.

    Hypothèse : l’existence d’un site n’énonce rien sur l’usage de celui-ci (nombre de connexion).

  • Plusieurs structures déclarent permettre des interactions entre les professeurs et les élèves.

Thématique « enseignants » Réponses
Equipement
  • Disparité de dotation en équipement des salles de cours
  • Apport de matériel personnel en cours (vidéoprojecteur, ordinateurs, smartphone, tablette).
Visioconférence
  • Expérience d’une pratique du cours d’instrument individuel en visioconférence
  • Expérience d’une pratique du cours de pratique d’ensemble en visioconférence
Contenu pédagogique et musical La création de contenu avec des outils numériques (playbacks, arrangements, édition de partition, fiche notion etc).
Commun
  • Pratique d’ensemble
  • Répétition
  • La composition
  • La mise en forme des cours
  • L’édition de partition
  • L’arrangement
  • L’enregistrement et la création de ressources
  • La création musicale
  • L’entrainement de l’oreille
  • Travail collaboratif
  • Ressources vidéo / audio
  • Mixage
  • Enregistrement
Les activités pour lesquelles le numérique n’a pas sa place dans l’enseignement / n’est pas pertinent
  • Correction de posture
  • « Guidage du geste juste »
  • Face à face pédagogique
  • Pratiques collectives
  • Travail d’équipe
  • Toutes les personnes interrogées mentionnent l’apport de matériel personnel en cours. La dotation en équipement, elle, varie d’une structure à l’autre.

    Hypothèse : probablement les enseignants ont des pratiques privées dont ils ont usage en cours. Incorporation des usages privés que j’emmène dans ma pratique professionnelle ? Apprentissage de l’outil qui n’est pas compris dans son utilisation (= hypothèse que l’on peut/doit vérifier à d’autres endroits du questionnaire et/ou via des entretiens qualitatifs).

    Personnalisation de l’outil : parce qu’ils ont fabriqué leurs outils d’une certaine manière la jugeant pertinente pour leurs besoins. Les outils sont adaptés à leur pédagogie. (Deux strates d’hypothèse : professeur qui formate ses outils // ses outils sont les meilleurs).

  • Concernant la visioconférence, toutes les personnes interrogées mentionnent avoir pratiqué le cours d’instrument individuel par visioconférence. Parmi ces personnes, une seule signale avoir pratiqué le cours de pratique d’ensemble par visioconférence. Cette pratique est peu courante mais possible et expérimentée. La pratique de la visioconférence a explosé durant le confinement puisque 16 personnes sur 18 confient avoir eu recours à la visioconférence dès mars 2020. Sur ces 16 personnes, une seule personne pratiquait déjà la visioconférence de manière habituelle. Aussi, la moitié, soit 9 personnes, indique ne pas vouloir continuer à l’avenir ce mode de cours. Pour les autres répondants, certains ne savent pas réellement quel avenir donner à ce mode de cours dans leur pratique puisqu’ils répondent « Peut-être ». Enfin, 3 personnes annoncent vouloir poursuivre à l’avenir la pratique de la visioconférence.

    Hypothèses :

    • L’outil ne serait pas adapté à la pratique collective. La visioconférence rassemble des personnes qui ne sont pas ensemble physiquement donc cela empêcherait la pratique d’ensemble. Cependant on a vu que ce n’était pas toujours vrai donc, la visioconférence transforme la pratique Pratique collective : composée d’individu qui jouent de la musique / pratique de tous ensemble pour faire de la musique. En ligne : 1+1+1+1 ne fais pas forcément un collectif. L’espace numérique crée d’autres formes de collectif.
    • L’expérimentation d’une pratique numérique est a minima un acquis (un savoir-faire) qui permet de continuer ou pas. Essayer ce n’est pas adopter, mais savoir qu’on peut le faire. Pouvoir choisir entre deux pratiques, car elles ont été expérimentées. On peut s’interroger sur le “pourquoi je continue ?” ou “pourquoi j’arrête ?”, l’injonction est un facteur qui pousse les enseignants à se mettre en visioconférence.
      • Je suis peu acculturé face à une contrainte qui s’apaise : je n’utilise plus la visioconférence.
      • Je suis très acculturé face à une contrainte qui s’apaise : j’ai adopté l’outil, je le prends comme bien et je continue de l’utiliser.

    Acculturation : Logique d’apprentissage pas uniquement rationnel mais plutôt de l’habitus/rites sociaux qui font sens dans une communauté.

    • Il y a une injonction publique qui va obliger les gens à s’acculturer à un nouvel outil, soit l’injonction s’arrête et ils ne jugent pas que c’est mieux avec l’outil et donc ils arrêtent, soit ils jugent que c’est intéressant de
    • Ceux qui continuent la visioconférence, c’est en accord avec la
    • Le travail en visioconférence est d’autant plus intéressant quand il n’est pas imposé (je travaille mieux quand je décide, quand je choisis).
  • Parmi les personnes interrogées qui créent du contenu pédagogique et/ou musical, certain rendent accessible ce contenu en ligne. Pour ces personnes, sauf exception, ce contenu en ligne est destiné uniquement à leurs élèves.

    Hypothèse : cette intention de restriction est bien le fait d’un choix pédagogique plutôt que d’une contrainte imposée par les outils. Quels que soient les outils disponibles, ici comme dans d’autres domaines, c’est l’intention pédagogique qui va primer sur l’outil (la nouvelle technologie n’implique pas toujours un changement d’usage). Dans ce contexte-là, il s’agit de prolonger une situation pédagogique par des moyens de transmission, sans modification du contenu.

  • Plusieurs enseignants pratiquent l’échange de pair à pair au sujet du numérique. Parmi celles et ceux qui le pratiquent en ligne via les forums et les réseaux sociaux, ils le font principalement pour « nourrir leur pédagogie ».

    Hypothèse : plutôt une information qu’ils vont aller chercher, qu’une information qu’ils veulent nourrir. Jusqu’à quel point ce comportement sur le web est synonyme d’un rapport offre-demande ? Ce n’est pas un repli sur soi.

  • Plusieurs enseignants ayant répondu à l’enquête déclarent que le numérique est indispensable pour la composition, la mise en forme, la pratique d’ensemble, répétition, la mise en forme des cours, l’édition de partition, l’arrangement, l’enregistrement et la création de ressources, la création musicale, l’entrainement de l’oreille, le travail collaboratif, la ressource vidéo/audio, le mixage ainsi que l’enregistrement.

    Hypothèse : la pratique de l’instrument n’est pas nommée en tant que On enseigne tout, sauf la pratique de l’instrument. « Sans l’enseigner on l’enseigne », on l’enseigne par les contours et on l’enseigne par défaut, par des cours en visioconférence, pratique liée à l’expérience de confinement.

  • Un enseignant déclare que le numérique permet de gagner du temps lorsqu’il n’y a pas assez de répétitions pour la pratique d’ensemble, le numérique articule le travail entre chacun pour pallier à ce manque de répétition : « chaque élève travaille sa partie en écoutant celle des autres enregistrées ». Aussi, un enseignant ayant répondu à l’enquête qualifie le numérique d’instrument au cœur de sa pratique.

    Hypothèse : le numérique est au cœur de la pratique lorsqu’il est un instrument. Il est possible que cette enseignante élabore un discours commun, un langage commun saisi et acceptable. La question du « comment on parle du numérique » est importante.

  • Un enseignant ayant répondu à l’enquête affirme avoir de la difficulté à répondre à cette question.

    Hypothèses :

    • Le numérique est omniprésent il n’y a aucun endroit où ce n’est pas
    • Sous certaines conditions le numérique est pertinent.
  • Une enseignant regrette de « mal maîtriser les conséquences » de son utilisation du numérique. La question de la sécurité des données est abordée. Un enseignant ayant répondu à l’enquête affirme qu’en ce qui concerne les réseaux sociaux, le numérique n’a pas sa place non plus dans l’enseignement car cela peut amener à des commentaires « méchants » sur le travail produit par un élève.

    Hypothèse peur d’être dépassé par l’outil, peur que la technologie soit plus attirante que le cours et qu’elle devienne un élément de distraction.

  • Aussi, un enseignant ayant répondu à l’enquête déclare que le numérique doit rester un « Plan B », une pratique provisoire. Enfin, la question de « l’échange humain » apparaît dans une réponse, celui-ci doit rester, selon l’enseignant ayant répondu à l’enquête, au centre de l’enseignement et « le numérique ne doit pas prendre trop de place ».

L’échange réalisé avec les acteurs de ce bilan met en lumière, en termes de besoin, les éléments suivants :

  • Besoin d’accompagnement aux usages (formation – pair à pair)
  • Problème de l’équipement matériel
  • Nouveaux formats (espace, temps) – pédagogie différenciée // déshumanisation des pratiques, fracture numérique, modèle pédagogique.
  • S’appuyer sur les services compétents (DSI) pour déployer les bons outils et sécuriser les données
  • Continuer à échanger sur ces pratiques au sein de la profession
  • Usages pédagogiques communs avec l’EN : Comment travailler avec des développeurs pour faire évoluer des plateformes comme Moodle pour s’adapter aux besoins spécifiques de l’enseignement spécialisé ?
  • La question des pratiques collectives à travers ces usages