Suite à un concert de l’Orchestre d’Harmonie de la Ville de Belfort (OHVB) en avril 2017 autour d’un répertoire dédié aux musiques actuelles, Xavier Scheid, directeur de cet ensemble constate un déficit de répertoire original dans cette esthétique. Plus précisément, trouver des œuvres pour orchestre d’harmonie et soliste ou groupe fut très fastidieux pour un résultat des plus maigres.

Ainsi naquit l’idée de l’organisation de la 1ère édition du concours international de composition pour orchestre d’harmonie de Belfort ayant pour thème : « Pièce concertante pour orchestre d’harmonie et ensemble de musiques actuelles ».

La Ville de Belfort et l’OHVB ont planifié conjointement ce concours entre septembre 2018 et décembre 2019.

Nous avions constaté que le répertoire pour orchestre d’harmonie et ensemble de musiques actuelles se développait mais ne comportait, à ce jour, que très peu de pièces concertantes pensées, travaillées comme le concerto « classique », avec une vraie réflexion organologique moderne permettant le travail du son et des registres entre autres. L’organisation de ce concours a sans doute permis d’apporter des propositions aussi diverses que variées et ainsi de promouvoir les orchestres d’harmonie dans un répertoire résolument moderne et actuel. Ces nouvelles compositions ont abouti, lors des séances de travail, à des croisements entre le monde amateur des harmonies, les professionnels des musiques actuelles et les professionnels intermittents du spectacle. Par ailleurs, le public des esthétiques respectives s’est mélangé lors des épreuves finales permettant ainsi une vraie mixité sociale.

113 compositeurs de 19 pays inscrits, 60 partitions reçues

Le bilan fut plus que positif pour cette 1ère édition puisque nous avons enregistré 113 inscriptions de 19 pays différents. 60 œuvres nous sont parvenues dans les délais et ont pu être examinées lors du 1er tour par un trio d’experts. Ainsi Maxime Aulio, Philippe Barthod et Bart Picqueur ont sélectionné sur partitions et conducteurs, 6 œuvres pour la finale en live des 7 et 8 décembre 2019.

Un travail très dense de déchiffrage par les 65 musiciens de l’OHVB et ceux des groupes musiques actuelles spécialement constitués pour l’occasion, a commencé dès le mois de juin 2019. Xavier Scheid a pu échanger avec les différents compositeurs en leur transmettant un enregistrement d’une répétition pour avoir ainsi un retour quant à l’interprétation. Un concours est en effet très différent d’une création puisque le compositeur n’est pas associé tout au long du travail de l’orchestre. Néanmoins, ils ont eu tous la liberté de venir écouter et échanger lors d’une répétition ou de la générale ce qui a permis d’ajuster quelques points en direct.

Les 6 finalistes étaient Jean-Pierre Blanchet, Olivier Costa, Marc Etcheverry, Matthieu Lemennicier, Bernard Magny et Stéphane Maitrot.

Composé du trio de jury du départ augmenté de Sylvain Marchal et Matthieu Spiegel, les résultats des deux journées furent les suivants : 1er prix, Marc Etcheverry pour Symphonie imaginaire, 2ème prix pour Bernard Magny avec Rockestral Fusion, 3ème prix et Jean-Pierre Blanchet pour Devil’s Here. Stéphane Maitrot remporte quant à lui, le prix coup de cœur de l’orchestre.

A propos de la Symphonie imaginaire de Marc Etcheverry

La « Symphonie Imaginaire » est un voyage musical, en forme de dialogue entre un ensemble de musiques actuelles (saxophone, accordéon, piano, guitare basse, batterie) et un orchestre d’harmonie.

Cette aventure musicale évolue au travers de différentes rythmiques entre les deux groupes, en une sorte d’échanges entre diverses dynamiques, créant ainsi une seule et même énergie.

Marc Etcheverry

Ni les musiciens, ni le chef d’orchestre ne connaissaient Marc Etcheverry. Le travail d’une création est un exercice difficile et doit la plupart du temps évoluer avec les échanges avec le compositeur or dans le cadre d’un concours, ceux-ci sont beaucoup plus restreints voire selon les règlements, inexistants. Marc Etcheverry dans le cadre des échanges autorisés du concours de Belfort, a été très clair dans ses réponses et conseils quant aux différents tempi, aux couleurs ou nuances à apporter.

Symphonie imaginaire a occasionné un travail technique et de mise en place assez soutenu avant que l’orchestre ne puisse se libérer et travailler davantage sur la musicalité et surtout un meilleur dialogue/équilibre avec l’ensemble de musiques actuelles.

Si l’œuvre a été redoutée dans un premier temps en raison de la richesse de l’écriture, les couleurs originales par le choix de l’accordéon notamment et les thèmes très « entrainants » ont permis de s’approprier de l’œuvre avec enthousiasme et ainsi gommer les premières appréhensions.

Cette œuvre a nécessité une analyse soutenue pour le chef mais la plus grande nouveauté fut de coordonner des instruments amplifiés dont les interprètes sont souvent issus du monde de la musique actuelle, avec un orchestre d’harmonie amateur. En effet, la présence d’un chef d’orchestre, véritable médiateur des propositions d’interprétation est primordiale. Le rôle et la sensibilisation des nuances auprès de la rythmique sont dans ce cadre, majeurs pour que tous les musiciens trouvent leur place.

L’expérience vécue au travers de l’interprétation de ces 6 œuvres par les 75 musiciens (OHVB+ musiciens musiques actuelles) est inoubliable tant par l’intensité de l’échange que par la fierté que procurent la création mondiale de 6 œuvres en 2 jours. Nous sommes heureux de vous annoncer que le concours amorcera sa seconde édition avec les inscriptions en septembre 2021 et la finale les 3 et 4 décembre 2022.

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Analyse de la pièce :

  • 1 à 24 : introduction « énigmatique », en forme d’intrigue (12 : ritmico, con intrigo), se mouvant entre des mesures ‘carrées’ et irrégulières : 4/2 et 9/4, à 4 temps irréguliers (3/2 + 3/4).
  • Grand crescendo de 20 à 24, avec des sonneries de cuivres annonçant déjà les motifs du thème central de la pièce (Thème E).
  • 25 : Thème A, rythmique de rock ternaire.
  • 49 : Thème B, même dynamique, agrémentée d’accents créant un caractère folklorique.
  • 69 : Thème C, rythmique binaire, dans un même élan et une même dynamique.
  • 110 : Retour aux rythmiques ternaires.
  • 114 : Thème D, qui reviendra plus tard pour annoncer le Final.
  • 123 : Retour du thème B
  • 131 : Thème D
  • 140 : Thème A.
  • 152 : Solo de piano, annonçant le thème central de la pièce en forme de Ballade, par l’ensemble de musiques actuelles : 161 à 250. Ce thème E, une Ballade en 3/4, va être énoncée 3 fois : 1) Ensemble de musiques actuelles, 2) Ensemble de musiques actuelles rejoint et soutenu par l’Orchestre d’harmonie, 3) Solos au choix, par l’Ensemble de musiques actuelles.
  • 251 : Retour du thème A – Retour aux rythmiques ternaires initiales.
  • 259 : Thème A transformé en rythmique impaire (5/8), accentuant ainsi davantage le caractère folklorique du thème.
  • 291 : Thème B, en Rythmique impaire (5/8).
  • 309 : Rappel du thème A, en rythmique ternaire initiale.
  • 317 : Rappel du thème C (rythmique binaire) en rythme de fête (Samba).
  • 325 : Choral de cuivres sur le thème D, annonçant le crescendo vers le Final.
  • 335 : Final de la pièce – Reprise en Tutti du thème E, Thème central de la pièce.
  • 361 : Presto, reprenant les éléments d’introduction, qui constituaient l’intrigue de la pièce, pour les porter à présent par les deux groupes (Ensemble de musiques actuelles et Orchestre d’harmonie) vers une dynamique commune.