Propos recueillis par Camille Matet

15 décembre 2018

A la retraite depuis septembre 2018 Jean-Pierre Pommier partage ses activités entre la composition, la peinture et les voyages.

Pouvez nous parler du DADSM ?

D’un point de vue très personnel, je trouve que c’est une très belle initiative de la Confédération Musicale de France et que ce diplôme est très utile pour le monde amateur, même s’il s’agit d’un diplôme à orientation professionnelle. Je suis très heureux de collaborer avec la CMF et de présider le DADSM.

Après des discussions avec des collègues, nous sommes tous d’accord pour reconnaître que ce diplôme a une valeur réelle même s’il n’est pas reconnu par l’État. S’il devait l’être, son niveau se situerait entre le Certificat d’Aptitude aux fonctions de professeur de direction d’ensembles instrumentaux et vocaux et le Diplôme d’État de direction d’ensembles à vent.

Je trouve que c’est une très bonne chose que ceux qui obtiennent le DADSM, puissent se dire qu’ils ont les aptitudes et un bagage suffisant pour exercer leur métier.

Comment se déroulent les épreuves ?

La première épreuve c’est d’être en mesure de présenter un dossier, qui permet d’être sélectionné.

Après, il y a différentes épreuves : tout d’abord celle de filage qui est redoutable pour les candidats qui se retrouvent là, face à des musiciens professionnels, dans une situation à laquelle ils sont peu habitués. Le filage marque le premier pas pour « se lancer dans l’aventure ». Les candidats peuvent être intimidés voire déstabilisés, or le jury juge beaucoup de critères à travers cette épreuve que je trouve personnellement redoutable. Ensuite, vous avez le commentaire d’écoute qui s’enchaîne. Cette année certains extraits pouvaient paraître déroutants à l’écoute et c’est une très bonne chose, car cela permet de mesurer et d’évaluer les capacités d’un candidat à réagir devant des musiques ou des ambiances sonores qui ne lui sont pas habituelles. Cette épreuve me paraît être un élément très important pour l’évaluation de la formation musicale au sens très large du terme et c’est une épreuve révélatrice des capacités des candidats sur leurs compétences, leurs connaissances, leur vocabulaire et leurs capacités d’adaptation à un univers musical auquel ils ne sont pas habitués.

Il y a également une épreuve de culture musicale qui portait cette année sur la musique de film après 1945. On a assisté à des interventions très intéressantes. Le candidat dispose de 10 minutes d’exposé puis de 10 minutes d’échanges avec le jury et c’est intéressant de voir le contenu, le fond et la forme que choisissent les candidats.

Enfin, il y a les épreuves de théorie, d’analyse, d’écriture, d’arrangement et d’orchestration. Ces épreuves sont très longues à corriger pour nous.
Pour cette session 2018, les épreuves proposées par la CMF , ainsi que l’organisation, étaient très bien faites. En ce qui concerne le niveau des candidats, il était très variable puisque tout le monde n’a pas pu être admissible.

Comment se passent les délibérations ?

Les délibérations se passent bien, ce n’est pas compliqué dans le sens où il peut évidemment y avoir des divergences d’analyses mais c’est au président du jury du DADSM, c’est-à-dire moi cette année, de trouver le consensus qui permet de trouver les mots les plus justes possible.

Pour rentrer dans le détail, quand un membre du jury prend la parole et qu’il y a une divergence d’opinions, ce que je trouve sain d’ailleurs, ce n’est pas transcrit dans les points forts ou point faibles du candidat.

Il faut au moins qu’il y ait la majorité du jury qui soit d’accord pour que cela soit écrit sur sa feuille de notation. N’oublions pas que nous sommes dans un domaine subjectif, la musique, donc 2 + 2 ne font pas forcément 4. La subjectivité intervient et on ne peut pas l’ignorer.

Combien de candidats ont réussi l’admissibilité ?

Six candidats étaient inscrits à l’admissibilité et 4 l’ont obtenue.
L’admission se passe avec l’Harmonie de Pantin et là, les candidats entrent dans le cœur du métier de chef d’orchestre. Ils doivent faire travailler l’orchestre amateur, ce qui nous permet de voir leurs capacités à réagir entre ce qu’ils veulent et ce qu’on leur propose. Ils ont carte blanche donc ils doivent intervenir, reprendre des passages…
Un candidat peut donc passer tout son temps d’épreuve sur 3 mesures ou bien faire du filage, et il appartiendra au jury d’évaluer ses capacités à motiver, à intervenir, à corriger, à obtenir des résultats par rapport à ce qui a été demandé.

Enfin pouvez-vous nous parler du stage qui a eu lieu avant le début des épreuves avec la Musique de la police nationale ?

Je n’étais pas présent lors du stage mais je trouve que c’est remarquable que la CMF et l’Orchestre de la Musique de la Police Nationale l’aient organisé.

C’est exceptionnel pour les candidats. Donner la possibilité à des amateurs de se mettre en condition avec des professionnels, c’est incroyable.

On peut vraiment saluer cette initiative et remercier les musiciens de la police et leur chef.

Les membres du jury 2018 :

Jean-Pierre Pommier, président du jury

le 28 juin 1951 à Reims, Jean-Pierre Pommier commence ses études musicales à l’âge de 15 ans en découvrant la clarinette grâce à son père, musicien amateur. Il obtient des récompenses au Conservatoire National de Région de Versailles, à l’École Nationale de Musique d’Issy-les-Moulineaux et à la Schola Cantorum de Paris dans différentes disciplines (clarinette, musique de chambre, harmonie, contrepoint, fugue, analyse et orgue) ce qui le décide à choisir une carrière professionnelle. C’est en 1985, lors du Concours National de Composition de Chassieu, que ses talents de compositeur seront reconnus. Depuis il a obtenu de nombreuses distinctions. Ces distinctions ont suscité des commandes de la part de solistes, d’ensembles instrumentaux, d’écoles de musique et d’institutions. Chaque année, au moins une œuvre est ainsi créée.
Sollicité par différentes Fédérations Musicales Régionales et Départementales et par les Centres de formation des enseignants de la danse et de la musique (CEFEDEM), il intervient dans le cadre de la formation des Directeurs d’orchestre d’harmonie (préparation au DADSM) ou lors de stages de pratique musicale. Depuis 2005, il est membre du Conseil National Artistique de la CMF.
Titulaire du Certificat d’Aptitude aux Fonctions de Directeur de Conservatoire et du Diplôme d’État de Direction d’Ensembles à vent, il a assuré, parallèlement à ses activités de compositeur, la direction de nombreux orchestres d’harmonie et de différents établissements d’enseignement musical, et vient de finir sa carrière à la tête du CRR de Toulon Provence Méditerranée.
Lire l’entretien avec Jean-Pierre Pommier, compositeur

Cecilia Weston

Cecilia Weston est l’une des rares femmes chefs reconnues en Europe aussi bien au niveau de la richesse de son expérience que de sa polyvalence dans divers styles et genres musicaux, du classique au contemporain, mais aussi des musiques de films et de la pop music. Cette polyvalence lui a permis de remporter plusieurs prix internationaux comme instrumentiste, chef d’orchestre, arrangeur et pédagogue.
Elle est aussi à l’aise dans un grand hall de concert que
dans un studio d’enregistrement de premier plan, en
collaboration avec des orchestres, des chœurs ou des
musiciens de studio. Elle dirige des masterclasses dans la réalisation technique et dans la coordination d’orchestres, de chorales, projets souvent à l’initiative de jeunes artistes.
En complément de sa carrière d’interprète, de Chef d’Orchestre et de Chœur, Cécilia Weston a toujours été passionnée par l’enseignement de la musique à tous les niveaux, guidée par sa croyance que la musique peut transformer les frontières sociales et culturelles. Compte-tenu de sa réputation internationale grandissante dans l’enseignement, elle est souvent invitée comme présidente ou membre de jurys, pour des concours en Europe, et pour effectuer des masterclasses sur la conduite technique et l’expression, mais aussi pour coordonner des projets avec des festivals d’orchestres de jeunes en Europe et dans le monde entier.

Maxime Aulio

Maxime Aulio est né en 1980 à Chartres. Il débute la musique en jouant de l’orgue et s’intéresse très rapidement aux percussions, au clavecin, puis au cor, instrument qu’il étudie plusieurs années durant au Conservatoire National de Région de Toulouse. Il étudiera trois années durant au Lemmensinstituut (Jan Van der Roost) de Leuven, en Belgique ; études couronnées en 2006 par l’obtention d’un Master en Musique spécialité composition, option direction d’orchestre. Au cours de l’été 1999, il compose sa première œuvre pour orchestre d’harmonie, Prophéties, donnée en création mondiale par l’orchestre du Conservatoire National de Région de Toulouse. Un an plus tard, il compose Les Voyages de Gulliver, une de ses œuvres les plus connues. Maxime Aulio est un compositeur autodidacte et éclectique. Son répertoire comporte des œuvres pour soliste(s) et orchestre d’instruments à vent qui ont été créées et interprétées par des artistes et ensembles de renom, contribuant ainsi à son talent musical.
Intéressé par l’histoire de l’orchestre à vents en France – le menant en conséquence vers son passé militaire –, et prônant une action militante autour de cette formation, il réussit en 2008 un concours pour être Chef de Musique Militaire, fonction qu’il occupera jusqu’en 2013 à la Musique Principale de l’Armée de Terre.
En 2016-2017, il est en charge de la direction des orchestres, de la musique de chambre et de la classe de la direction d’orchestre au Conservatoire à Rayonnement Régional de Tours. Il y est de surcroît compositeur en résidence. Il se concentre à nouveau sur son travail de compositeur dès 2018 (œuvres de commande et arrangements, en orchestre d’harmonie, orchestre symphonique, etc.), tout en participant à de nombreux jurys et formations. Il consacre également du temps au développement de l’Association Française pour l’Essor des Ensembles à Vents (AFEEV) avec ses amis et collègues du milieu des orchestres d’harmonie français.